Un livre, un jour (dimanche 3 mars 2024)
La poésie d’Émilienne Kerhoas vit toujours
« La poésie est ma respiration, c’est une question de survie. » Émilienne Kerhoas, née à Landerneau en 1925, décédée à Brest en 2018, est une poétesse qui mérite d’être redécouverte. Du moins pour ceux et celles qui ne l’ont pas connue. Élève, pendant la guerre, de l’École normale d’institutrice à Saint-Brieuc, elle a eu comme prof Renée Guilloux, épouse de Louis, avec qui elle conservera contact. Institutrice à Saint-Cadou, dans les monts d’Arrée, pour son premier poste, elle a écrit très tôt, alors jeune maman, des poèmes remarqués et remarquables.
Dans cet ouvrage, Alain-Gabriel Monot, professeur de et ami d’Émilienne Kerhoas, retrace avec justesse le parcours de la poétesse, sa vie, des monts d’Arrée aux terres léonardes en passant par Le Faou. Aïcha Dupoy de Guitard, photographe, pose son regard lui aussi poétique sur les endroits qui ont jalonné la vie d’Émilienne Kerhoas. « Je regardais Émilienne et elle regardait, fascinée, le ciel qui s’étire, écrit Alain-Gabriel Monot , la montée souple du jour dérivant vers l’est […] Nous roulions sans fin. Nous allions vers l’Aulne, vers l’Elorn. Nous regardions la mer en face […] Nous prenions notre envol, nous étions légers dans la lumière. Je me disais, la voiture nous arrache à la terre, à la pesanteur du monde. Nous donnions congé entier, définitif, aux tourments, à la voix du chagrin qui si souvent parle tout près de notre oreille. » En écho, la voix de la poétesse résonne encore de ces mots : « Suie et fumée. Soie du feu sur l’étoffe du ciel. »