Belle découverte pour le public francophone de ce poète dont seulement quelques poèmes étaient parus en français dans la revue Archipel et dans la Revue de Belles Lettres, toujours par les soins de José-Flore Tappy.
Laureano Alban est né au Costa Rica en 1942. Il fur conseiller d’ambassade à Madrid puis à New York, ambassadeur du Costa Rica en Israël de 1987 à 1990, puis délégué de son pays à l’Unesco. Retiré aujourd’hui de la vie publique, il vit à San José, la capitale du Costa Rica. Écrivain, il a publié une vingtaine d’ouvrages, essais et recueils de poèmes, pour la plupart traduits en anglais.
Comme le souligne José-Flore Tappy dans la préface qui présente avec intelligence l’homme et l’œuvre, « Chaque poème, coulée de lave charriant passé, présent, futur, nous plonge au cœur d’un univers d’une rare puissance ». Et plus loin « Mû par un profond sentiment d’appartenance collective, le poète fait corps avec les égarés. Embrassant tout le désespoir de la condition humaine, il interpelle le ciel, retrace avec insistance l’obscur et laborieux destin des hommes, rappelle enfin combien la vie contre toute raison s’obstine ». Mais laissons chanter ce réalisme fantastique latino-américain : « Donnez-nous la paix, qu’elle / galope sous la pluie, / cavalier pur, éblouissant, / et que l’amour à / son passage prenne / feu. » Ces poèmes rythmés par le retour du cri Donnez-nous la paix furent écrits en 1986-1987, années sanglantes de guerre en Amérique Centrale. Leur beauté poignante communique l’émotion au-delà du temps et des frontières. « Nous rassemblons la cendre / derrière chaque vie, / et les pierres enfouies / dans la voix de nos morts, / et nous construisons avec elles / un autre silence vivant. »