(Sainte-Reine de Bretagne, 15 février 1920 – Louisfert, 20 mars 1951)
Lorsqu’il était enfant, René Guy Cadou vécut d’abord en Brière et à Saint-Nazaire puis à Nantes, suivant les mutations de son père instituteur. Cette région de marais impressionne la sensibilité du jeune garçon : le ciel et les ruisseaux, la nature, un mode de vie humble qui garde la mémoire des anciens. Mais il entrevoit un pays blessé par la première guerre mondiale. C’est une belle enfance qui sait pourtant que la vie est parfois sombre : René Guy Cadou perd sa mère à l’âge de douze ans et son père à vingt. A Nantes en 1936, il se lie à Michel Manoll, libraire et poète, qui lui fait connaître Max Jacob et Pierre Reverdy, il fréquente Marcel Béalu : la poésie naît d’amitié et de fraternité. Et d’amour : il rencontre Hélène, elle aussi poète qui devient sa muse. Ils se marient en 1946. Ils s’installent à Louisfert où l’instituteur et poète accueille ses amis qui se baptisent par facétie « l’école de Rochefort » (Michel Manoll, Jean Rousselot, Marcel Béalu, Lucien Becker et Luc Bérimont) : « Rochefort, une école littéraire, tout juste une cour de récréation » disait Cadou, et encore « Le vent n’efface pas le bruit de vos paroles / Je prends place dans vos poitrines sur ce môle / Où s’attarde déjà la nef de l’horizon / C’est votre sang qui donne la teinte aux saisons ». C’est là, à dix-sept heures, après la classe, qu’il retrouve son enfance : en peu de temps – car la maladie va bientôt l’emporter – il écrit les poèmes rassemblés dans le volume Poésie la vie entière et le récit Mon Enfance est à tout le monde.