« Infinitudes » d’Aïcha Dupoy de Guitard et Gilles Baudry
Où commence, où finit la mer ?
S’émerveiller de ce que nous avons devant les yeux est d’une difficulté sous-estimée. Ce recueil est la promesse d’avoir l’océan toujours à portée du regard, de l’esprit, s’étirant à l’infini, les beaux jours, les jours de calme, les jours de pluies ou de tempêtes. C’est aussi un trait d’union entre la terre et la mer : un voyage de l’instant et la possibilité de se reconnecter à la beauté du monde.
Tout ici
Tient de l’impermanence et du miracle.
25,00€
128 pages au format 19 x 24 cm | Poids : 495 g
70 photos en quadrichromie
Beau livre sur papier couché demi-mat et couverture avec rabats
4e de couverture
Infinitudes. Cet échange entre deux âmes d’enfant semble se fonder sur une question ontologique : au-delà de la ligne d’horizon, au-delà de la voûte étoilée, qu’y a-t-il ? Néanmoins, avant d’y répondre, il faut s’être soustrait des passions sociales et détaché de ses propres affaires. La pensée de l’infini suppose un état de liberté où l’on s’est désengagé du monde des préoccupations. Un état qui se caractérise par une disponibilité intérieure, une capacité à voir au-delà des apparences, un penchant pour la nature et les signes qu’elle manifeste… autant de qualités que possèdent nos deux auteurs, Aïcha Dupoy de Guitard et Gilles Baudry.
L’une est photo-poète et s’émerveille, depuis plusieurs années, devant de longs horizons océaniques, qu’ils soient ouverts sous de grands nuages ou qu’ils soient clos dans les boucles d’une rivière aux eaux dormantes. L’autre est moine-poète bénédictin, et médite la parole de Dieu dont la présence se révèle dans les branches — écritures d’arbre — couvertes de neige, ou encore dans la pluie qui recouvre la mer à la façon d’un voile. « Dieu ? C’est-à-dire l’averse qui a choisi de tomber ici. Elle qui aurait pu tomber un peu plus loin dans ce petit bois : en cela le hasard, en cela divine. » Ou, selon Yves Bonnefoy, une approche sensible de la transcendance.
Commune et partagée, leur pensée de l’infini est donc loin d’être abstraite. Au contraire, elle s’incarne dans le paysage maritime d’une rivière serpentine, aux pieds du Ménez Hom. Car derrière les épaules de la photographe qui filme l’horizon à la manière d’un peintre, derrière les épaules du poète qui posent ses mots sur la page — comme le fait la mer, avec les galets sur le sable humide, en se retirant —, il y a la présence de tout un pays, un « arrière-pays ». C’est celui-là que vous allez entrevoir ici !
Yvan Guillemot
Extraits
L’émergence du monde
la lisière tremblante des ailleurs
aux premières lueurs
et tout ce qui affleure au jour
à la lumière neuve
dans l’aube étincelante de la baie.
*
Vague après vague, murmuration tissée d’ailes et de lumière ambrée…
Anaphore perpétuelle des vagues. Chacune d’elles échouant en beauté, laissant sa robe vaporeuse, sa dentelle ajourée, modulant à jamais ses phrases sibyllines…
*
L’infini nous rapproche de notre cœur
et l’horizon nous devient si intérieur
que la mer se retire et disparaît en elle.