Présentation
Deux proches amis dialoguent, complices en poésie dès le lendemain du Printemps de Prague. Ils évoquent la responsabilité politique et l’engagement des poètes en cette Allemagne de l’Est qui a vécu sous les régimes nazi et communiste. An centre de leur conversation, s’esquissent la figure – méconnue en France – de Peter Huchel (1903 – 1981) et les thèmes majeurs de l’exil, de la résistance et du langage comme forme de refus. Mais la poésie reste une parole sensible et irréductible à toute injonction ; en témoignent les poèmes qui accompagnent leurs réflexions, échos de l’absent-présent, du troisième convive.
Notices biographiques des auteurs
Fondamentalement traductrice de poésie et passeur de mémoire, Mireille Gansel, pour un premier projet soutenu par Maurice Nadeau, s’est rendue dès 1970 en RDA pour y rencontrer Peter Huchel et Reiner Kunze. Elle a publié des traductions de ces deux poètes. Elle a également traduit et publié toute l’œuvre poétique de Nelly Sachs, ainsi que sa correspondance avec Paul Celan : Correspondance Nelly Sachs – Paul Celan (Belin 1999) ; Nelly Sachs, Eclipse d’étoile, Exode et Métamorphose et Partage-toi, Nuit (Verdier). Par ailleurs deux années passées au Vietnam lui ont permis de connaître, traduire et publier pour la première fois en français les poètes vietnamiens : Sang et fleurs – le chemin du poète ToHuu (EFR 1975), Grande anthologie de poésie vietnamienne, (Unesco-Gallimard 1985), Chants-poèmes des Monts et des Eaux (Unesco/Sud-Est Asie 1986), Mille ans de poésie vietnamienne (Piquier 1996(, L’aimée de la rivière noire, Chant-légende du peuple Hmong (Alternatives 2006). Elle a également publié un recueil de poèmes, Larmes de neige, et un conte, Chronique de la rue Saint-Paul (Calligrammes 2006 et 2010).
Reiner Kunze est né en 1933, en ex-RDA, dans une famille de mineurs. Il a étudié la philosophie et le journalisme. Mais sa carrière universitaire a été interrompue en raison des bouleversements politiques de l’après-guerre. Il travaille alors comme aide mécanicien. À partir de 1962, il se consacre entièrement à l’écriture. Il s’engage pour le Printemps de Prague : menacé, il est contraint de s’exiler à l’Ouest. Depuis, il vit en Bavière. Pour Kunze, la poésie est la seule défense possible contre la barbarie, contre tout ce qui tue l’humain en nous. Pour résister : des poèmes concis, essentiels, qui refusent toute éloquence. Ils évoquent la vie quotidienne, les êtres proches, l’instant fugace à saisir vite avant qu’il ne s’éteigne. Il a reçu de nombreux prix dont le prix Trakl et le prix Büchner en 1977 ; le prix Hölderlin en 1999. Il a publié en 1969, Sensible Wege ; en 1972, Zimmerlautstärte ; en 1976, Die wunderbaren Jahre ; en 1998, Ein tag auf dieser erde. Un recueil de ses poèmes a été publié en 2001, sous le titre Gedichte. Il est également l’auteur d’essais, de livres pour enfants, de traductions de poésie tchèque. Deux recueils de poèmes ont été publiés en version bilingue allemand/français, Un Jour sur cette terre (Cheyne 2002) et Nuit des tilleuls (Calligrammes 2009). D’autres textes traduits ont été édités dans les revues Po&sie, Conférence et Chemins.